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Entretiens avec la compositrice de «La Corriveau - La soif des corbeaux» et le directeur musical

Dernière mise à jour : 27 août

La première représentation de La Corriveau - La soif des corbeaux aura lieu le 7 juillet 2022. L’été approche à grands pas et les répétitions du spectacle vont bon train. Nous avons pensé qu’il serait intéressant, avant que le public n’entende les chansons épiques - les vers d’oreilles ! - de ce théâtre musical, de s’entretenir avec Audrey Thériault, compositrice et Marc-André Perron, Directeur musical et arrangeur des chansons ! Voici les réponses aux questions que nous leur avons posées sur la musique du spectacle :


Question: Audrey, quelle a été ta source d’inspiration principale pour la composition de La Corriveau - la soif des corbeaux ?


Réponse d'Audrey: Mon inspiration?

L’étincelle multicolore dans les yeux de Jade et Simon.

L’espace entre les mots du texte de Geneviève et Félix.

Les timbres de voix des interprètes.

Ce sont les trois puits où j’entends les mélodies qui se veulent au service de la vision, des propos et des porteurs de ce projet.


Q: Combien de temps te faut-il en général pour composer une chanson ?


A: Deux avenues pour répondre à cette question ;

Une réponse poétique ; Écrire la musique et les chansons de la Corriveau a pris 42 ans, car c’est mon tout dernier, mon plus récent projet de composition. Il s’appuie sur tout ce que je suis, sur tout ce que j’ai mis dans mon baluchon jusqu’à ce jour…

Une réponse pragmatique ; Écrire une chanson pour la Corriveau prend de quelques heures à quelques jours.


Q: Audrey, crois-tu que la Corriveau s’est « manifestée » pour te donner des idées de mélodie ?


A: Ha ha!…

En marge de la légende et de ce personnage qui est devenu plus grand que nature, j’aime m’imaginer qu’en 2022, Marie-Josephte Corriveau a saisi sa chance pour me souffler à l’oreille les mélodies qu’elle portait sur son coeur tout au long de sa vie de femme-ordinaire-et-de-son-temps qui n’avait pas su, ni pu exprimer ce qui l’habitait réellement.


Marc-André Perron, Jade Bruneau, Audrey Thériault, Frédérique Mousseau et Jean Maheux lors de la soirée Tryptique à Joliette; un extrait de La Corriveau - La soif des corbeaux venait d'être présenté pour la première fois.


Q: Marc-André, comment as-tu abordé les arrangements des chansons de La Corriveau - La soif des corbeaux ?


Marc-André: Avec beaucoup d’humilité, tout d’abord en ayant le souci constant de respecter le travail colossal des auteur.rice.s et d’Audrey, le travail d’arrangement musical arrivant plutôt en aval de l’écriture du texte et de la composition des chansons, mais aussi vis-à-vis de La Corriveau, de cette femme au destin cruel de qui on honore bien humblement la mémoire à travers notre art.


Q: À quel style de musique le public doit s’attendre ? Moderne ? Traditionnel ? Folk ?


A: En musique, on entend d’entrée de jeu un volet épique qui fait directement référence à l’époque où s’est déroulée l’histoire et il y a aussi un volet plus moderne qui vient s’insérer à même les chansons ou sous formes d’encarts ponctuels. On passe d’une marque temporelle à une autre avec des indicateurs clairs, mais le tout s’installe avec finesse pour qu’en résultent des thèmes aux accents intemporels.

M-A: Essentiellement à une rencontre entre époque et modernité, entre 1763 et 2022, habitée d’une multitude de sonorités issues de la pop, du rap, de la grande chanson, de la musique latine et du RnB, avec quelques emprunts au terroir, au folklore et à la musique militaire.


VOICI UN EXTRAIT MUSICAL DE TROIS CHANSONS DU SPECTACLE:


Q: Marc-André, quel sera le plus grand défi pour toi durant le spectacle ?


M-A: Comme je joue la batterie, les synthétiseurs, que je partage la partie de piano et que je dirige le band en ayant un œil attentif pour les comédien.ne.s sur scène et une oreille tendue pour notre régisseure, mon principal défi sera de bien exécuter la chorégraphie (littéralement!) qu’exige ces multiples rôles assumés en simultané !


Q: Marc-André, y-a-t-il une différence entre jouer des chansons dans un théâtre musical et jouer des chansons dans un spectacle de musique ?


M-A: Paradoxalement, il y a dans le fait de jouer dans un théâtre musical à grand déploiement comme La Corriveau – la soif des corbeaux, quelque chose qui relève de l’artisanat, de la dentelle, notamment du point de vue de la relation très sensible qui unit le texte et la musique, et des nuances en kaléidoscope de cette dernière. Au rayon des similitudes, cependant, l’un et l’autre exigent la même rigueur, la même passion et provoquent la même euphorie, le même plaisir de se retrouver, ensemble (!), pour nous raconter !


Q: Pour vous deux, c’est comment de travailler en équipe pour la composition et les arrangements sur un projet d’envergure comme celui-là? Que diriez-vous du travail de création de l’autre ?


A: L’omni-polyvalence des talents musicaux de Marc-André et l’ultra-supra-rigueur de son travail

bien fait me donnaient, d’emblée, une grande liberté dans ma proposition et dans mon élan de création. Marc-André analyse les partitions avec une écoute panoramique exceptionnelle, voire absolue et une sensibilité si juste qu’il trouve toujours LA solution inespérée pour faire résonner l’essence de mes chansons avec une ampleur subtile et une cadence rigoureuse ; je ne comprends toujours pas comment il peut faire tout ce qu’il fait et tout en même temps, en plus.

M-A: À la base de notre collaboration musicale, il y a la confiance que nous nous sommes mutuellement accordée d’emblée, et la place que nous nous sommes faite l’un à l’autre afin de pouvoir créer librement. À partir de là, tout devient possible. Je vois mon rôle d’arrangeur musical comme celui d’un sculpteur qui fait émerger de la matière ce qui au fond est déjà là : la sensibilité, l’esprit, l’inventivité et la pertinence du propos musical d’Audrey.


Q: Quelle est votre chanson préférée (même si nous savons que vous les aimez toutes!) ?

A: En effet, toutes les chansons du show sont ma chanson préférée!..


Toutefois, ma ligne chantée préférée dans le spectacle est :


« Debout, devant vous,

Je parlerai la même langue que vous »


Selon moi, cette phrase (et sa mélodie) est sous-jacente à toutes les autres.

Elle incarne à la fois la question et la réponse. Le problème et la solution.

Celle vers laquelle tous les points de vue abordés convergent.

Celle qui peut faire tout basculer.

Celle qui demande à être entendue.

Celle qui a le pouvoir de changer le cours des événements, au fil du temps.

Comme la musique, son intention tient du langage universel qu’on comprend bien au-delà des mots.


Verticale, debout, elle transcende les époques, puis, les bras ouverts, horizontale, elle ramène au discours du coeur, rallie à l’amour.


C’est la ligne musicale qui donne le ton.

Qui appelle l’état diapason.


M-A: J’ai un attachement particulier aux premières chansons que j’ai reçues d’Audrey parce qu’elles ont été mon premier contact avec La Corriveau – le spectacle et la femme, par-delà la légende. Elles ont été fondatrices de tout ce qui a suivi dans mon processus créatif.


Le spectacle : La chanson d’ouverture, pour son esthétique tantôt moderne, tantôt militaire, et parce qu’il s’y trouve des parcelles du spectacle entier, autant dans la musique, les personnages et les intrigues.


La femme, par-delà la légende : la chanson La folle à Dodier, « Ah ben la sorcière, la tout croche, la folle à Dodier, A’vait juste à rester casée, a’vait juste à pas brailler », d'une part parce que c’est là le cœur de la légende, c’est là où le réel se mélange au merveilleux, où le vrai ne se distingue plus du faux, et d’autre part pour son côté rigaudon du terroir, « bien de chez nous », que j’affectionne particulièrement.



 



En savoir plus sur la compositrice AUDREY THÉRIAULT

Bien qu’Audrey soit une artiste touche-à-tout, la musique est son principal porte-voix, celui qui lui donne des racines et des ailes… En effet, depuis plus d’une quinzaine d’années, on entend ses chansons dans de nombreux projets mis en scène par Frédéric Bélanger du Théâtre Advienne que pourra qu’elle a co-fondé en 2005 (D’artagnan et les trois mousquetaires, La fausse malade, Le chat botté, Des fraises en janvier, Le Songe d’une nuit d’été, Le magicien d’Oz, etc…). Depuis quelques 5 ans, Audrey collabore avec Jade Bruneau et Simon Fréchette-Daoust au sein du Théâtre de l’Oeil Ouvert en partageant ses talents de pianiste, chanteuse et coach vocal (Belmont, les Sérénades du Belvédère et Les Mashleys) ou encore ses mélodies inédites (Polo le voyage de l’autre côté et La Corriveau - La soif des corbeaux). Sensible au souffle sous toutes ses formes et très à l’écoute, son approche intuitive tricote des refrains qui se cachent dans les silences entre les mots… La musique est la maison de son coeur ; “Chantons!”… qu’elle nous dirait…

En savoir plus sur le directeur musical et arrangeurs MARC-ANDRÉ PERRON

Depuis 2017, il se spécialise dans le théâtre musical et la revue musicale, d’une part comme pianiste notamment dans les spectacles La Corriveau – la soif des corbeaux (Théâtre de l’Oeil Ouvert, 2022), Folklore, il y a longtemps que je t’aime (Jason McNally, 2021-22), Clémence (Théâtre de l’Oeil Ouvert, 2020-22) et Salut Claude! (2017-2019). Détenteur d’une maîtrise en musique (composition) de l’Université de Montréal (2017), il exerce principalement comme compositeur et concepteur sonore dans la musique pour le théâtre et dans la musique classique contemporaine. À titre de concepteur sonore, il a notamment travaillé sur les projets Ruche (Cabane Théâtre, 2021-22), Fragments d’espaces humains (Théâtre de l’Oeil Ouvert, 2021) et sur l’Herbier de l’imaginaire (Cabane Théâtre, 2020-22). Il signe également les arrangements musicaux de La Corriveau – la soif des corbeaux, Les mélodies suspendues (Cabane Théâtre, 2018), L’Art à ta portée (Théâtre de l’Oeil Ouvert, 2020-21) et Au Royaume de Foin-Foin-du-Loin-Loin (Ouistiti, 2017). Par ailleurs, sa pièce Miniature pour orchestre no.1, une commande de l’Orchestre symphonique de Montréal, a été créée par l’OSM en 2016, alors que sa pièce acousmatique Effervescence/Somnolence a reçu en 2011 le premier prix du concours Jeu de Temps/Times Play (JTTP) et fait l’objet d’une tournée pancanadienne. Le théâtre musical Les Troyennes (2014-15) duquel il signe la composition, a quant à lui culminé en 2015 dans une résidence au Festival OFF Avignon, un incontournable du spectacle vivant en Europe.


Marc-André est également concepteur vidéo des spectacles La Corriveau – la soif des corbeaux, Licornasse et Clémence (Théâtre de l’Oeil Ouvert, 2020-21-22). À titre de vidéaste, il œuvre depuis 2020 auprès de Communication-Jeunesse, un organisme voué à la promotion auprès des jeunes de la lecture et de la littérature jeunesse québécoise et franco-canadienne, en plus d’œuvrer comme vidéaste pigiste pour une multitude de projets, notamment en captation théâtrale, en web et en publicité.


Entrevue au M103,5 FM avec Audrey Thériault, Jade Bruneau et Simon Fréchette-Daoust


Vidéo des artistes en répétitions!


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