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Arracher le micro à Marina...

Le 19 mars dernier, c’était la Soirée B, une soirée remplie d’amour, que le Théâtre de l’Oeil Ouvert organise annuellement pour amasser des fonds, question de poursuivre ses activités.


Bien sûr que j’y étais. Derrière la batterie, comme à l’habitude. Mais cette fois, j’ai eu un élan. Un besoin vital de m’exprimer autrement. Je me suis levée, juste avant l’entracte, alors que la marraine du TOO, Marina Orsini, terminait son animation. Je lui ai arraché le micro. (J’utilise le mot arraché volontairement parce que mon élan ne lui laissait pas le choix!) Et j’ai parlé.  

Ça c'est moi!
Ça c'est moi!

Si jamais on ne se connait pas déjà, je me présente officiellement: Je m’appelle Véronique. Véronique Boucher. (Des fois que tu mourrais d’envie de connaître mon nom de famille.)


J’ai une envie viscérale de vous partager quelque chose. Dans ma cuisine, quand je pensais à mon affaire, tout avait tellement de sens! Jusqu’au moment où j’ai compris qu’il fallait que j’interrompe Marina Orsini… J’avoue que j’ai tout remis en question! Mais mon cri du cœur est si fort que j’ai foncé pareil. C’est juste que… Je vis des choses.




Un nouvel état que je ne connaissais pas. Pour te faire un bref résumé, depuis le mois de novembre, j’ai tout arrêté, j’ai commencé à prendre une médication pour l’anxiété, je passe mes journées en jaquette pis en robe de chambre quand y fait frette, je pète des tites coches pour rien, je fais des crises d’anxiété parce que mon renouvellement d’assurance s’en vient…


Me servir un bol de céréales atteint juste la limite avant la surcharge mentale. Y’en a qui appelle ça un burn out, moi je préfère me convaincre que je suis en jachère.


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Si jamais tu ne sais pas ce que ça veut dire le mot jachère, sache que ça n'a absolument rien à voir avec le mot jaquette. C’est très circonstanciel comme lien! Une jachère, c’est quand on laisse une terre se reposer quelque temps avant de reprendre la culture… J’espère de tout mon cœur une régénération naturelle de toute ma personne pour que je retrouve mon élan habituel.


Parce qu’avant cette nouvelle étape dans ma vie, j’étais une genre de licorne lumineuse battante pleine de ressources qui mettait des projets sur pieds dans le seul but d’élever l’humanité. Hein? Tu vois ce que je veux dire?


De faire réfléchir. De s’arrêter pour ressentir. De se rassembler pour être plus fort. De faire du beau pis du sincère pour inspirer, question de faire un monde meilleur….Mais là, depuis quelques mois maintenant, rien ne va plus.


Pendant ce temps-là, je peux te dire que ma jaquette et moi, on feel un peu cheap. J’éprouve une grande culpabilité, comme si je laissais tomber ma culture... LA culture. Celle que je trouve tellement essentielle et qui traverse une crise en même temps que moi. Pour moi, la culture, ça garde le monde intelligent, sensible, cultivé, empathique surtout. Elle nous permet de se comprendre les uns les autres et de ne pas devenir des espèces d’énergumènes narcissiques déconnectés qui pensent qu'ils sont les seuls êtres vivants qui méritent le respect. (Je ne nomme pas de nom ici, tu le figures déjà de toute façon.)


La culture, c’est comme la réalité virtuelle; Ça te fait plonger dans un univers que tu ne connais pas, avec assez de réalisme et d’émotions palpables que ça t'habite réellement, comme si tu le vivais pour vrai. Je ne pense pas qu’il y ait de meilleur moyen pour apprendre à se connaître qu’en s’observant à travers plein de situations différentes de la vie. Plonger dans un nouvel univers, consommer la culture, c’est comme vivre plusieurs vies en une seule. Pour moi, c’est ça la vraie richesse.

Donc, quand je vois mon industrie qui va si mal, qui perd des joueurs au combat, et bien j’ai peur pour la culture et je me sens tellement coupable de ne pas me battre davantage.  Mais je suis tellement fatiguée. Fatiguée de me battre. Fatiguée de tout justifier. Fatiguée d’essayer de prouver qu’on mérite d’exister et d'être mieux traité.


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Depuis que je suis très jeune, j’ai une conviction très profonde qui m’habite en permanence. J’ai toujours dit que moi je ferais une maudite bonne milliardaire! C’est même pas une blague! Je serais super bonne là-dedans! Je le sais que moi, j’aurais le respect et la collaboration comme valeur, question d’élever l’humanité, mais dans le bon sens!


Si je devenais milliardaire aujourd’hui, sais-tu quelle est la première chose que ferais? Je donnerais tout le financement nécessaire au Théâtre de l’Oeil Ouvert. Parce que pendant que moi je passe mes journées en jachère en jaquette, je sais que ces espèces de fous-là, ces bibittes créatives intenses-là font de la magie. Ils prennent le temps d’observer les humains autour, de les trouver beaux et de les mettre en lumière à travers des valeurs et des histoires qui me ressemblent. Qui NOUS ressemblent. Ils rassemblent, ils respectent, ils font tout avec amour et en plus, ils le font bien. Alors pendant qu’eux se brûlent à tout faire comme des géants, moi je peux me reposer un peu et aller au bout de ma jachère.  Et ça m’apaise un peu: ça me rassure de savoir que ce n’est peut-être pas fini, que la culture existe encore, et qu’elle et moi allons finir par se relever plus fortes que jamais. Il y a encore des humains pertinents qui arrivent à rassembler pleins d’autres humains pertinents pour qu’ensemble on reste positifs et forts.  

Belmont, une fresque théâtrale et poétique dans l'univers de Diane Dufresne
Belmont, une fresque théâtrale et poétique dans l'univers de Diane Dufresne

Mais, comme je ne suis vraiment pas milliardaire, j’ai encore besoin de crier pour convaincre le monde entier de soutenir les précieux créateurs qui changent le monde à tous les jours de leur vie. Parce que chaque fois qu’on donne de l’argent à un organisme comme le Théâtre de l'Oeil Ouvert, on se trouve à changer le monde nous autres aussi. 


Je te le dis, c’est l’investissement le plus payant que tu puisses faire en ce moment!


Tu donnes 5$, ils font des miracles avec. Imagine si tu en donnes 50$! Penses-y. (Il y a eu un moment de silence, et Marc-André, le directeur musical s’est mis à jouer quelques notes fragiles au piano).


Il y a une chose que le Théâtre de l’Oeil Ouvert n’a pas encore réussi à créer, c’est du temps. Et moi, ma plus grande crainte, c’est que les Jade, les Simon pis les Marc André se brûlent eux aussi à force de faire des miracles avec des 5 $.  Parce que là, je ne pourrai plus me reposer en paix. Il y aurait alors beaucoup trop de monde en jachère, et c’est exactement ça qui mènerait à la perte de notre culture…

Donc, aujourd’hui, au lieu de crier dans le vide, j’ai eu l’idée de génie de voler le micro de Marina Orsini!! 

Alors ici, aujourd’hui, je manifeste haut et fort mon plus grand souhait: celui où nous nous engageons résolument à nous investir à fond envers cette culture, envers ce théâtre. 

Envers ceux et celles qui se dédient corps et âme à l’exploration de la beauté, de la profondeur et de la vérité qui réside en chacun de nous, à ce qui donne un véritable sens à nos vies.


(Es-tu capable d’imaginer la toune Chariots of Fire de Vangelis? Celle où on imagine tout au ralenti, avec les percussions qui donnent l'impression d’être passés dans un écho?  C’est épique. Les musiciens ont commencé à jouer ça derrière moi. Sinon, voici le lien! Écoute ça en poursuivant la lecture!)


Et que ces investissements dans la vitalité, la qualité de notre culture et dans LA vraie richesse de notre monde nous éloignent de l’enlaidissement et de la dévastation en cours. C’est urgent. Il faut trouver les moyens! Les moyens d’accroître le soutien aux artistes, oui, bien sûr.  Mais peut-être encore davantage d’encourager la fréquentation de la beauté, de l’aimer, de la partager, de la chérir, de la crier!


Parce que je crois fermement que toutes les œuvres ont le pouvoir de générer de la petite magie intérieure et que c’est précisément cette même magie qui va nous permettre d’envisager la suite de notre humanité avec confiance.


Merci d’être là.

Sincèrement.

Maintenant, allez en paix.

Faites comme Marina Orsini: Dépensez tout votre argent à l’encan! Faites comme Marina Orsini, sortez vos REER, vos CELI !

... Faque, c'est ça que j'avais à dire. Bref, entre les rires et les larmes, nous nous sommes rassemblés autour d’un verre de vin, à se dire combien nous sommes chanceux d’être entourés d’autant de beauté et que ça valait bien la peine de se rassembler pour la défendre.


J'en profite aussi pour laisser la toute nouvelle pièce de Mathieu Bourret «Un jour on se reverra» pour accompagner votre... après lecture. (C’est une composition qui dépeint un deuil dans toute sa lumière. Comme si le fait de s’imaginer que la suite sera belle, nous donne la force de traverser une étape difficile.) Si nostalgique, et lumineux à la fois...


 
 
 

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